» Initialement, cet espace numérique qui m’est offert, je l’avais sollicité pour la présentation de mon dernier livre intitulé : « Où vas-tu mon chien quand tu rêves ? ».
Puis, ma rencontre avec ce comité de lecture improvisé de la résidence pour séniors de Pornichet Espace et Vie, m’a tellement touchée que j’ai décidé d’en faire éloge. Je parlerai de mon livre une autre fois. »

" J’ai coutume de faire la dernière lecture de mon livre à haute voix, seule, chez moi avant la finalisation de la maquette.

Je pensai soudain qu’il aurait été plus pertinent de lire à haute voix devant un public.

Le souvenir des résidents d’Espace et Vie, que j’avais déjà rencontrés lors d’une conférence que je leur prodiguai sur l’eau de Cologne, me vint à l’esprit et je sollicitai Emilie, l’animatrice de la résidence.

Trouvant l’idée de cette expérience originale et dynamique, elle la partagea avec les résidents.

C’est ainsi qu’une semaine plus tard, je me présentai « à mon examen » devant un groupe de huit personnes : comité de lecture improvisé « au pied levé » malgré les contraintes des fauteuils, des béquilles et des déambulateurs. 

« Admissible au second tour » je revins la semaine suivante.

Au bout d’une trentaine de minutes, intriguée par le silence : pas un craquement de chaise, pas un raclement de gorge ni même un ronflement (pour devancer les taquins), je levai les yeux de mon manuscrit pour regarder mon auditoire.

Tous les corps étaient à l’écoute. L’espace d’un instant, le temps d’un mirage, un public droit, concentré, la tête haute, accueillait mes mots et mes émotions.

Les « aînés, les anciens, les personnes âgées, les ancêtres, les vieux » avaient disparus.

Il y avait uniquement des femmes, des hommes, des enfants matures, des jeunes audacieux, au milieu desquels se dressaient la sagesse, l’expérience, la réussite, l’amour parental, la responsabilité, la guerre, la mort, le pardon, la fierté du citoyen.

Je me sentis petite fille timide, debout, seule devant « ces grandes personnes ».

Petite gamine transparente, j’éprouvai le sentiment qu’ils savaient tout de moi.

Je remarquai, en filigrane, tel un fantôme, la souffrance qui tenait tout le monde par les épaules. Mais au-dessus d’elle, l’espoir souriait et dominait la photo de famille.

Alors, me redressant à mon tour, je collai mes pieds l’un à l’autre.

Je me dis qu’en ce contexte d’actualité autiste, être écouté est un trésor.

Je décidai d’offrir le meilleur : j’ordonnai à ma voix, aux muscles de ma bouche, à ma langue, à mes lèvres de libérer le chemin de mon souffle pour servir le texte.

Ma poitrine se gonfla et mes mots s’offrirent à leur imagination.

Le silence fut le chuchotement de leurs âmes.

Chers membres de ce comité de lecture saltimbanque, chers amis de cent- vingt minutes,

Chers porteurs de valeurs, chers passeurs de culture, chers gardiens de la morale et de l’histoire, vous êtes les experts des choses de la vie et je vous rends hommage pour votre honorable attention et la qualité de votre écoute.

Merci  de votre aide.

Merci à l’équipe de Direction qui a osé cette expérience et à Emilie sans qui nous n’aurions pas partagé ce joli moment."

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