Le conseil municipal de La Baule a adopté le budget primitif de la commune. Sans surprise, le maire s’est félicité de ce qu’il a qualifié de « budget de la maîtrise et de l’audace », affirmant : « On a fait beaucoup de choses par rapport à nos prédécesseurs ». Une déclaration pour le moins peu élégante, quand on se souvient que ces mêmes prédécesseurs l’avaient accueilli sur leur liste. Une méthode qui n’est pas sans rappeler un certain sarkozysme politique, fait de ruptures opportunes et de fidélités à géométrie variable.

Un budget conséquent, fortement dépendant de la fiscalité locale

Le budget principal de la Ville s’élève à 76 millions d’euros. En y ajoutant les quatre budgets annexes — centre de stage, halles et marchés, parkings fermés et aérodrome — le budget global approche les 80 millions d’euros.

Les recettes de fonctionnement reposent très majoritairement sur la fiscalité locale, à hauteur de 84 %. Elles se décomposent notamment ainsi :

  • 34 millions d’euros de taxes foncières et d’habitation ;
  • 1,5 million d’euros issus des produits du casino ;
  • 3,5 millions d’euros de droits de mutation ;
  • 1,3 million d’euros de taxe de séjour.

La taxe foncière augmentera mécaniquement de 1 %, du fait de la revalorisation des bases décidée par l’État pour la taxe d’habitation et la taxe foncière. Cette hausse représentera une recette supplémentaire estimée à 339 000 euros pour la Ville.

Des dépenses de fonctionnement dominées par la masse salariale

Les dépenses de personnel constituent la principale charge de fonctionnement, avec 17,5 millions d’euros sur un budget de fonctionnement de 48 millions, soit près de 47 % du total.

À noter également que la commune devra s’acquitter de 1,2 million d’euros de pénalités au titre de la loi SRU, en raison d’un déficit persistant en logements sociaux. Une sanction financière lourde qui interroge sur les choix politiques opérés ces dernières années en matière de logement.

Une situation financière solide… malgré des angles morts

La Ville affiche une épargne brute de 11,7 millions d’euros et une épargne nette de 9,6 millions, lui permettant de maintenir une politique d’investissement soutenue. Le désendettement est engagé : la dette est passée de 23 millions d’euros en 2024 à 17 millions aujourd’hui.

Reste une question centrale : ce budget, présenté comme audacieux et maîtrisé, répond-il réellement aux besoins sociaux, environnementaux et en logements des Bauloises et des Baulois, ou s’inscrit-il avant tout dans une logique de communication et de gestion comptable, au prix de choix structurels contestables ?

L’opposante Laetitia English évoque la transparence

 » J’ai quatre séries d’observations.

Premièrement, sur le fonctionnement.
Je m’arrête en particulier sur les charges de personnel, qui poursuivent leur progression : 17,5 millions d’euros en 2026 contre 17,2 millions en 2025, soit +300 000 euros. Ce poste représente désormais près de la moitié des dépenses de fonctionnement. Cette évolution interroge à la fois la soutenabilité financière et l’efficacité de l’organisation des services municipaux.

Deuxièmement, sur l’investissement.
Les dépenses d’investissement passent de 24,9 millions d’euros en 2025 à 27,3 millions d’euros en 2026, soit une hausse de 2,4 millions. Les grands projets montent enfin en puissance, notamment sur les promenades de mer. Mais cette concentration des crédits se fait au détriment des équipements de proximité, en particulier la voirie de quartier, qui reste très largement sous-financée.

Troisièmement, sur les budgets annexes.
Ils évoluent de manière contrastée mais révèlent une forte dépendance au budget principal.

  • Le budget du centre de stages diminue, passant de 230 000 euros à 211 000 euros, dont 130 000 euros de prestations de gardiennage et de blanchisserie. Or ce centre reste sous-utilisé, avec un taux de remplissage limité. Une réflexion stratégique sur sa gestion et son avenir est indispensable.
  • Le budget des halles et marchés progresse légèrement, de 620 000 à 647 000 euros, avec une refacturation de personnel de 205 000 euros.
  • Le budget des parkings fermés connaît une hausse très significative, passant de 1,13 million à 1,49 million d’euros, avec une subvention du budget principal qui atteint 573 000 euros en 2026 contre 347 000 euros en 2025.
  • Le budget de l’aérodrome diminue légèrement, de 1,45 million à 1,35 million d’euros, mais reste abondé à hauteur de 295 000 euros par le budget principal et mobilise 170 000 euros de personnel.

L’ensemble de ces éléments démontre la fragilité du modèle économique des budgets annexes et la nécessité, que je rappelle chaque année, d’une réflexion stratégique de fond.

Quatrièmement, sur la gouvernance et la méthode.
Au-delà des chiffres, ce budget souffre d’un manque de lisibilité et de transparence. Les autorisations de programme sont parfois ouvertes depuis 2015 ou 2017, sans tableau de suivi clair. Il n’existe pas de présentation consolidée de l’exécution des exercices précédents ni des restes à réaliser, ce qui fragilise la crédibilité des prévisions.

Les recettes d’investissement reposent essentiellement sur des cessions réinscrites et des subventions limitées, sans stratégie explicite de cofinancement avec l’État, la Région ou le Département. Les charges externes – prestations, maintenance – dépassent 1 million d’euros sans analyse consolidée des contrats ni des gains attendus. Enfin, aucun état récapitulatif des engagements contractuels (DSP, concessions, conventions) n’est présenté, alors même qu’ils structurent durablement nos dépenses et la qualité du service public.

En conclusion,
Ce budget 2026 traduit une orientation assumée vers quelques grands projets emblématiques – le remblai, Clemenceau – mais laisse de côté les besoins quotidiens des habitants et les enjeux d’avenir. Les charges de fonctionnement augmentent, les budgets annexes restent déficitaires et l’investissement est fortement concentré. La présentation manque de clarté, de suivi et de vision stratégique.

Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons approuver ce budget. Nous voterons donc contre, tout en réaffirmant notre volonté d’un budget plus équilibré, plus transparent et plus proche des besoins des habitants : un budget qui investit d’abord dans les écoles, le logement, la mobilité, et qui repose sur une gouvernance ouverte, lisible et responsable. »

Anne Boyé s’est abstenue et a porté une analyse nuancée du budget primitif. Elle l’a jugé globalement assez neutre, et surtout en manque d’audace au regard des enjeux climatiques et sociaux auxquels la commune est confrontée.
L’élue a notamment regretté l’absence de moyens significatifs dédiés au développement des panneaux photovoltaïques, alors même que la transition énergétique devrait constituer une priorité municipale. Elle a également déploré la non-reconduction de la navette électrique gratuite, pourtant mise en place les années précédentes et largement appréciée des habitants comme des visiteurs.

À l’inverse, le tout seul élu minoritaire de l’opposition a confirmé son nouveau positionnement politique, en se félicitant ouvertement du budget présenté par la majorité. Un revirement qui n’a surpris personne dans la salle du conseil,  tant cette posture est devenue une habitude chez lui. Une constance dans l’inconstance qui lui vaudrait sans difficulté une place sur scène pour interpréter L’Opportuniste de Jacques Dutronc.

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